L’ethnopharmacologie sur France Culture
Ouvrez grands vos oreilles !
L’ethnopharmacologie est racontée sur France Culture dans La Série documentaire et enregistrée en partie à la SFE
A réécouter en Podcast sur le site de France Culture
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Episode 1 : les pharmacopées traditionnelles France Culture
Dès l’antiquité, puis au moyen-âge, la culture des plantes médicinales se développe et s’enrichit avec les explorations. Cette thérapie par les plantes est basée sur la connaissance empirique, ancestrale, sur l’usage traditionnel, transmis oralement au cours des millénaires.

J’ai une plante qui vient d’un guérisseur et il me dit qu’elle est anti-inflammatoire. Alors, la question que je pose : oui ou non ? Donc je fais comme le guérisseur – extrait aqueux, macération, décoction, infusion – j’enlève le solvant, je l’administre sur des cultures cellulaires ou chez l’animal, et j’ai une réponse dans les trois mois. France Culture
Au début du XIXe siècle,
on observe un grand tournant dans l’histoire du médicament lorsque, imprégnée jusqu’alors d’une pratique empirique et souvent d’inspiration magique ou religieuse, la pharmacie commence à être dominée par la chimie. L’apparition de la chimie structurale permet l’identification et la caractérisation des substances actives présentes dans les extraits végétaux. Quant à la chimie d’extraction, elle devient aussi de plus en plus performante et permet dès 1815 l’isolement de la morphine à partir du pavot ou en 1820, la purification de la quinine de l’écorce de quinquina. Enfin, les premières molécules thérapeutiques issues de la chimie de synthèse font leur apparition en 1899, avec la synthèse de l’aspirine qui trouve son origine dans le saule blanc ou la reine-des-prés. France Culture
Ça c’est l’endroit secret du jardin, on l’a caché un petit peu. Ce chanvre indien, c’est une plante dont la chimie va changer selon son environnement. En effet, le cannabis est une espèce qui, en zone tempérée donne des fibres textiles, on fait des isolants avec, des sacs, des tissus. Et dans les zones chaudes, bien ensoleillées, ça donne de la résine psychoactive.
Et maintenant la plante a un intérêt en thérapeutique puisqu’on va avoir du cannabis à la fois en fin de vie, à la fois pour des douleurs et on a un médicament qui devrait sortir qui est le Sativex pour les douleurs de la sclérose en plaque. En France, il n’est pas encore accepté au remboursement parce qu’il demande 400 euros ou 500 euros..
La nature reste la grande pourvoyeuse de l’ensemble de notre pharmacopée,
qui peut rester naturelle ou être synthétisée par les laboratoires pharmaceutiques : cela signifie qu’ils copient chimiquement le principe actif de la plante pour ensuite le fabriquer de manière industrielle. Aujourd’hui, ces plantes sont testées en laboratoire pour extraire ou synthétiser le principe actif efficace.France Culture
Le sureau c’est presque le Fervex de la phyto : anti-inflammatoire pour tout ce qui est bronchite, surtout immunostimulant, anti-bactérien, antiviral.France Culture
Quand c’est des parties aériennes molles type feuille, fleur, on va plutôt faire des infusions […] et sur les parties dures, du bois, des racines, à ce moment-là on fera une décoction, c’est-a-dire qu’on laisse bouillir la plante pendant dix minutes.France Culture
Depuis une vingtaine d’années,
l’ethnopharmacologie s’est développée en étudiant en parallèle la culture des tribus utilisant des plantes, et leur réelle efficacité biologique. Malheureusement, certaines tribus autochtones se sont vues dépouillées de leurs plantes sacrées traditionnelles, obligées de payer pour leur propre savoir et ne touchant aucune royalties des brevets déposés, ce qui interroge sur la brevetabilité du vivant.
De nos jours,
la plante apporte encore de nouvelles matières à la thérapeutique dans le domaine de la cancérologie par exemple avec la pervenche de Madagascar et l’If, ou de la maladie d’Alzheimer avec la Galantamine extraite du Perce-Neige… Sans plantes, ces principes actifs n’existeraient pas. Mais le temps presse, car ce patrimoine de l’humanité s’appauvrit chaque jour, et sa perte sera irréparable.
Avec :
- Sylvie Michel est membre de l’Académie de pharmacie, Professeur enpharmacognosie, chimie des substances naturelles, visite du Musée François Tillequin
- Rokia Sanogo est professeure en pharmacognosie à Bamako
- Geneviève Bourdy est ethnopharmacologue et co-auteure de « Le corps de l’homme, l’esprit des plantes », IRD éditions
- Jacques Fleurentin est ethnopharmacologue, président de la Société Française d’Ethnopharmacologie et auteur de plusieurs ouvrages
- Gilles Barroux est auteur de « La médecine de l’Encyclopédie » aux éditions du CNRS