Commentaires sur les recherches sur Artemisia annua

Artemisia annua suscite nombre de commentaires et d’avis parfois passionnés. Voici à ce sujet l’avis du Prof. Michel Frédérich, pharmacognoste à l’Université de Liège en Belgique :

Il ne faut pas écarter Artemisia annua d’une recherche potentielle relative au Covid (voir la note de synthèse de Christian Busser dans cette même rubrique), la plante a été utilisée en Chine, et plusieurs éléments potentiels, telle sa capacité immunostimulante la rendent intéressante. 

Néanmoins, il faut faire attention que la publication de Smith & Smith (2020) (1), largement citée, est NON REVIEWEE et est en fait une étude par simulation informatique (même pas de l’in vitro). Dans la publication de Li (2005), il s’avère que l’armoise est 15 fois moins active que Lycoris, la plante la plus active de la publication et souvent citée actuellement en médecine chinoise dans ce contexte Covid-19. Artemisia a néanmoins une activité modérée et donc potentiellement intéressante.

Il y a donc des éléments qui rendent l’étude d’Artemisia d’intérêt sur le SARS-Cov2 (et si nous avons la possibilité de faire des tests in vitro à moyen terme à Liège, nous le ferons), mais à l’heure actuelle aucun élément de preuve qui indique que Artemisia annua puisse être active sur le SARS-Cov2 ou la maladie Covid-19. 

Dès lors, clamer que Artemisia puisse être un remède de la maladie Covid-19 est prématuré et risque par dommage collatéral  de discréditer tout le travail existant sur l’armoise annuelle et la malaria.

Ne mettons donc pas la charrue avant les boeufs en parlant de traitement en l’état actuel.

 

(1) Smith M. & Smith J.C. (2020) Repurposing Therapeutics for COVID-19: Supercomputer-Based Docking to the SARS-CoV-2 Viral Spike Protein and Viral Spike Protein-Human ACE2 Interface, UT Battelle, pp. 10-11.

(2) Li S.-y.  et al. (2005) Identification of natural compounds with antiviral activities against SARS-associated coronavirus, Antiviral Research, 67, 18–23.