Covid-19 : un traitement prometteur réduirait de 79 % le risque de développer une forme sévère de la maladie

Source : Synairgen announces positive results from trial of SNG001 in hospitalised COVID-19 patients,
Synairgen plc, 20 juillet 2020

 

Le laboratoire britannique Synairgen a dévoilé lundi les résultats préliminaires d’une étude prometteuse, réalisée sur un faible échantillon de patients. L’utilisation d’un médicament, le SNG001, permettrait de réduire de 79% le risque de développer une forme sévère de l’infection à coronavirus SARS-CoV-2.

Les résultats préliminaires d’un essai clinique suggèrent qu’un nouveau traitement par inhalation, développé par l’entreprise britannique de biotechnologies Synairgen, permettrait de limiter le nombre de patients Covid-19 nécessitant une prise en charge en réanimation.

Une protéine utilisée contre la sclérose en plaque

Les chercheurs ont utilisé une protéine appelée « interféron bêta » (notamment utilisée dans le traitement de la sclérose en plaques) que le corps produit naturellement lorsqu’il contracte une infection virale. Le traitement consiste en une formulation spéciale d’interféron bêta, administrée directement dans les voies respiratoires via un nébuliseur.

L’interféron bêta est en première ligne contre les infections virales. Son rôle est de prévenir le corps lorsqu’il est confronté à un virus, afin d’activer le système immunitaire pour lutter contre l’attaque virale. Mais dans le cas de la Covid-19, le coronavirus semble supprimer la production d’interféron bêta pour échapper à notre système immunitaire. L’objectif des chercheurs est donc de stimuler la réponse immunitaire en administrant une dose directe de la protéine dans les poumons. Cela déclencherait une réponse antivirale plus forte, « même chez les patients dont le système immunitaire est déjà faible ».

Des essais cliniques antérieurs menés par le laboratoire ont en effet démontré que ce mode d’administration stimule la réponse immunitaire chez les patients souffrant d’asthme et d’autres affections pulmonaires chroniques.

L’essai clinique en double aveugle a impliqué 101 volontaires, admis dans neuf hôpitaux différents, pour infection à Covid-19. La moitié des participants ont reçu le traitement baptisé SNG001. L’autre moitié a reçu un placebo – une substance inactive. Trois des patients (6%) traités avec le placebo sont décédés, tandis qu’aucun décès n’est à déplorer parmi ceux qui ont été traités avec le SNG001.

Les premiers résultats suggèrent que le traitement a réduit de 79% les chances qu’un patient Covid-19 hospitalisé développe une maladie grave nécessitant une assistance respiratoire. Par ailleurs, le temps moyen passé par les patients à l’hôpital aurait été réduit d’un tiers, pour les patients qui ont reçu le nouveau médicament (leur temps d’hospitalisation passé de neuf à six jours).

« Les résultats confirment notre conviction que l’interféron bêta […] présente un potentiel énorme comme traitement par inhalation pour restaurer la réponse immunitaire des poumons, en améliorant la protection, en accélérant la récupération et en contrant l’impact du virus Sars-CoV-2 », a déclaré Tom Wilkinson, le professeur de médecine respiratoire à l’université de Southampton qui a dirigé l’essai.

Selon l’équipe de Synairgen, le médicament serait encore plus efficace aux premiers stades de l’infection. Mais la prudence reste de mise. Les résultats de l’essai clinique ont été publiés directement par l’entreprise (elle a l’obligation de le faire pour des raisons boursières) et non dans une revue médicale de référence (auquel cas ils auraient été soumis à un comité de lecture).

Deux possibilités s’offrent désormais à l’entreprise : soit le traitement à base d’interféron bêta reçoit une approbation d’urgence, soit elle engage une phase d’essais cliniques avec davantage de patients traités. Quoi qu’il en soit, l’entreprise se dit prête à délivrer « quelque 100 000 » doses de SNG001 par mois d’ici l’hiver 2020.

À ce jour, seule la dexaméthasone permet d’améliorer la survie des patients gravement atteints par l’infection à coronavirus. L’antiviral remdesivir, quant à lui, permet de réduire la durée d’hospitalisation, mais pas la mortalité.