De la fiabilité et spécificité des tests dans le contexte du Covid-19

Bernard Weniger
19 avril 2020

Les types de tests

L’un des principaux atouts de la lutte contre le virus du SARS-CoV-2 dans cette pandémie est la réalisation de tests approfondis auprès de la population. Connaître l’ampleur de la pandémie, savoir qui est infecté par le coronavirus et qui peut déjà avoir été en contact avec le virus est essentiel pour guider les décisions des autorités sanitaires dans un domaine plein d’incertitudes.

Le test PCR (amplification en chaîne par polymérase)

Il est, à ce jour, la technique la plus fiable pour savoir si une personne est infectée par un coronavirus. Les gouvernements et les autorités sanitaires telles que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont parié sur elle comme axe central pour connaître l’extension du COVID-19. Toutefois, cet outil de diagnostic présente un grand inconvénient : il nécessite des heures de travail et exige du personnel et des laboratoires spécialisés.

Les tests rapides

Si vous voulez tester un grand nombre de personnes et le faire rapidement, la PCR n’est pas la meilleure option. Les tests dits rapides, bien que moins fiables, permettent d’accélérer considérablement le processus et d’obtenir des résultats en quelques minutes. Ainsi, en théorie, grâce aux tests immunologiques rapides pour la détection d’antigènes du SARS-CoV-2, nous pouvons savoir rapidement si une personne est infectée et grâce aux tests pour la détection d’anticorps, nous pouvons savoir si une personne a contracté l’infection ou, au cas où elle se trouve en pleine phase d’infection, a déjà produit des anticorps.

Les écueils

En pratique, cependant, les choses ne sont pas si simples, car il y a deux aspects qu’il faut toujours garder à l’esprit et qui marquent la rigueur des résultats des tests : la sensibilité et la spécificité. Plus un test est sensible, plus sa capacité à identifier les cas positifs comme positifs est grande, et plus un test est spécifique, plus sa capacité à identifier les cas vraiment négatifs comme négatifs est grande.

Il n’existe aucun test de laboratoire dont la sensibilité et la spécificité soient de 100 %, pas même la PCR. Cela signifie qu’il est inévitable que des personnes atteintes de coronavirus ne soient pas détectés par les tests et, inversement, que certaines personnes non infectées apparaissent comme positives. C’est une situation qui se produit dans de nombreux autres tests de laboratoire médical. En général, un test est considéré comme fiable lorsque la rigueur des informations qu’il fournit est considérablement plus grande que l’incertitude qu’il génère.

Mais que se passe-t-il lorsqu’un test génère plus d’incertitudes que de certitudes ? C’est précisément ce qui se passe avec la plupart des tests rapides pour la détection d’antigènes ou d’anticorps qui sont apparus ces dernières semaines. De nombreux gouvernements, pressés d’acheter des tests rapides, se sont retrouvés, pour confirmer un cas positif, avec des résultats proches de ceux d’un tirage à pile ou face. En Espagne, le gouvernement a reconnu que les 640 000 tests de détection d’antigènes qu’il avait achetés à la société pharmaceutique chinoise Shenzen Bioeasy avaient une sensibilité inférieure à 30% (moins de 3 cas réels sur 10 de patients atteints de coronavirus détectés). D’autres gouvernements, comme ceux de Grèce, des Pays-Bas et du Royaume-Uni, ont vécu le même scénario que l’Espagne.

Sur la base des données actuelles, l’OMS ne recommande l’utilisation de ces nouveaux tests immunodiagnostiques que dans le cadre de la recherche. Ils ne doivent être utilisés dans aucun autre contexte, y compris dans le cadre de la prise de décision clinique, tant que des preuves scientifiques étayant leur utilisation pour des indications spécifiques ne sont pas disponibles. La création de tests rapides suffisamment fiables n’est pas un processus simple, elle prendra du temps car les difficultés sont nombreuses. Malheureusement, dans la situation actuelle, l’empressement à les développer, en raison d’une demande élevée et urgente, conduit à la production de tests rapides qui n’offrent pas les garanties minimales de sensibilité et de spécificité.