Une expérimentation très prometteuse sur le Tocilizumab

par Bernard Weniger
le 25 avril 2020

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L’hôpital Foch, à Suresnes, expérimente depuis plusieurs semaines un médicament habituellement utilisé en rhumatologie pour éviter l’entrée en réanimation aux patients atteints du Covid-19. Les premiers résultats de l’étude, toujours en cours, sont extrêmement prometteurs. Le Tocilizumab fait partie des médicaments expérimentés pour empêcher que les cas dégénèrent dans les formes les plus graves. Dans la plupart des cas, les patients qui meurent du Covid-19 ne meurent pas de leur infection, mais d’une sur-réaction inflammatoire qui détruit leurs tissus. Le système immunitaire s’emballe alors, on parle « d’orage cytokinique ».

C’est ce phénomène, survenant en général 8 à 10 jours après les premiers symptômes, qui envoie beaucoup de patients en réanimation. Pour éviter ou réduire le nombre de cas exigeant un placement en réanimation, l’hôpital Foch de Suresnes expérimente depuis quelques semaines sur des cas graves une solution qui s’avère, selon les premiers résultats de son étude préliminaire qui vient de sortir, prometteuse. Ce médicament s’appelle le Tocilizumab, et est habituellement utilisé en rhumatologie.

Au début de l’épidémie, cet hôpital ne disposait pas du médicament. Une trentaine de patients ont donc été soignés sans y avoir recours. Quand le Tocilizumab est arrivé, l’hôpital a soigné avec ce médicament une trentaine d’autres patients âgés de moins de 80 ans, et a comparé les résultats.

Résultat : le traitement réduirait de moitié le nombre de transferts en réanimation. « Je peux vous citer l’exemple d’une patiente de 68 ans qui d’emblée, aux urgences, a nécessité 6 litres d’oxygène pour respirer à peu près correctement. Dans les 6 à 12 heures qui ont suivi, le débit d’oxygène nécessaire est passé à 12 litres. Sept jours après la deuxième dose de Tocilizumab, la patiente était sortie de l’hôpital ».

Pour bien faire, le traitement doit être donné au moment précis où les patients hospitalisés voient leur état s’aggraver, avec un besoin d’oxygène qui augmente brutalement. Le traitement consiste en une dose, voire deux ; en outre il est très bien toléré, sans effets secondaires notables. Coût de l’injection : 800 à 1.000 euros, quand une journée de réanimation coûte facilement 2.000 euros. Des résultats consolidés sur deux fois plus de patients doivent désormais confirmer cette étude préliminaire. Même si ce n’est pas un produit miracle, qu’il ne guérit pas tout le monde, le Tocilizumab s’avère être une vraie piste. La crainte, en revanche, c’est le risque de pénurie : il s’agit d’une biothérapie qui ne se fabrique pas rapidement à grande échelle.