Jean Lehmann était né le 3 septembre 1937 à Bruxelles. Fils unique, il accompagne ses parents au Congo belge où il passe toute son adolescence. Il rentre en Belgique pour effectuer ses études supérieures en sciences physiques à l’Université catholique de Louvain où il soutient une thèse de doctorat en physique nucléaire. Il y sera chef de travaux en charge du bon fonctionnement de l’accélérateur de particules de l’université. Dans le cadre de ses fonctions, il participera à des expériences sur le faisceau de muons au CERN.

La nostalgie de sa jeunesse « africaine » le poussera à suspendre ses fonctions au sein de l’UCL et à travailler pour la coopération belge au Burundi, de 1979 à 1984. Embarquant femme et enfants, il prend un poste de professeur de physique à l’Université du Burundi de Bujumbura.

C’est durant ces cinq années que se développera le projet de récolte de plantes médicinales, avec la mise en œuvre d’une systématisation de la démarche et de la création d’un outil de recensement des données collectées.

Ce travail, poursuivi lors de son retour en Belgique, conduira à la publication de plusieurs ouvrages et à la création de la banque de données « Prélude » pour l’African Museum de Tervueren, ainsi qu’à diverses rencontres et collaborations.

Jean terminera sa carrière là où il l’avait commencée, fidèle à l’UCL et à la Faculté des Sciences, dont il assurera le secrétariat académique durant plusieurs années.

C’était un homme entier, profondément original, au caractère fort, amoureux de la vie, il appréciait les bons repas, les bons vins, surtout ceux partagés avec sa « bande de copains », et était passionné par l’art, et en particulier la peinture et l’architecture.

Doté d’une énergie et d’une curiosité sans limites, cet esprit brillant aura cherché toute sa vie à augmenter ses connaissances – la lecture, puis internet vers la fin de sa vie, auront été de grandes sources à cet égard -, et à s’impliquer dans de nouveaux projets.

Il s’est éteint le 23 mai 2021.

 

Jean Lehmann a été un fidèle collaborateur de la SFE pendant une trentaine d’années. Avec Martine, docteure en botanique, ils ont participé aux différents congrès européens d’ethnopharmacologie que nous avons organisés et est entré au Conseil d’administration de la SFE en 1993.

La banque de données Prélude : l’œuvre d’une vie.

Jean et son épouse Martine ont consacré beaucoup de temps et d’énergie à constituer Prélude (Programme de Recherche et de Liaison Universitaires pour le Développement), une banque de données sur la médecine traditionnelle vétérinaire et humaine africaine subsaharienne. Ils ont ainsi dépouillé plus de 11 000 publications scientifiques et en ont analysé et encodé les données ethnopharmacologiques sur l’usage traditionnel des plantes. Cette banque de données a été créée en 1980 avec l’Université Catholique de Louvain et l’Africamuseum de Tervueren (Bruxelles).

Cette banque permet d’obtenir une vue synthétique et concise des usages ethnobotaniques d’une plante en Afrique.

L’une des motivations était de contribuer au retour de l’information en Afrique auprès des informateurs, des tradipraticiens et des centres de santé : une étape éthique en ethnopharmacologie. Jean et Martine l’ont approvisionnée et mise à jour régulièrement pour élaborer 40 300 fiches plantes.

Quand l’Université Catholique de Louvain n’a plus souhaité soutenir ce travail, Prélude a été offerte à la SFE sous réserve de la rendre accessible au plus grand nombre. Elle est donc hébergée sur notre site internet www.ethnopharmacologia.org.

Prélude en quelques chiffres :

40 300 fiches élaborées à partir d’analyse de publications, 33 455 médecine humaine et 6345 médecine vétérinaire, 7085 plantes, 11 000 références bibliographiques analysées.

Baerts M. et Lehmann J. (2006) L’usage de quelques plantes médicinales en Afrique subsaharienne. Le retour de l’information par des banques de données est-il possible ? Analyse d’un cas : le Burundi, Ethnopharmacologia, 38, 77-81.