Article : « Médecine et pharmacopée végétale traditionnelles aux Iles Marquises (Polynésie française) » – n°53, août 2015

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Description

MORETTI C., BUTAUD J.-F., GIRARDI C., OLLIER C., INGERT N., RAHARIVELOMANANA P., WENIGER B.

Des enquêtes ethnopharmacologiques ont été menées entre 2009 et 2012 dans la plupart des îles habitées de l’archipel des Marquises, afin d’étudier les pratiques thérapeutiques traditionnelles actuelles, en recueillant le nom des plantes, leurs usages, les modes de préparations des remèdes et la terminologie médicale marquisienne associée aux préparations.

L’archipel des Marquises est le plus éloigné d’un continent au monde. L’hypothèse de départ étant que leur extrême éloignement et isolement ont contribué de façon significative à la préservation des savoirs traditionnels. Plusieurs ateliers participatifs ont réuni des scientifiques, des membres de l’Académie marquisienne et des connaisseurs des plantes, spécialistes de la culture marquisienne. Ils ont créé un véritable espace de dialogue avec les communautés locales permettant l’échange des mots et des langages sur la biodiversité et son usage. Parallèlement des enquêtes individuelles semi-directives ont été menées auprès des guérisseurs.

L’ensemble des données recueillies a permis de passer d’une démarche descriptive des savoirs à une approche quantitative des données sur les savoirs locaux. Au total 96 espèces ont été citées comme médicinales, pour lesquelles nous avons relevé 1774 «citations d’usages».

Les pratiques thérapeutiques traditionnelles à base de plantes relèvent d’un même fond bio-culturel polynésien, qui se caractérise, aux Marquises : par la complexité des remèdes – une succession d’actes thérapeutiques qu’il faut respecter rigoureusement – et la place importante des purges et des tabous. La complexité des remèdes, souvent employés pour traiter plusieurs maladies, est telle qu’elle rend singulièrement difficile l’identification du ou des principes actifs.

A l’inverse de la médecine occidentale, tout se passe aux Marquises comme si le remède déterminait la maladie. Malgré ces difficultés, il est possible, avec les méthodes d’analyse statistique employées, de déterminer les plantes les plus utilisées dont les usages font consensus auprès des Marquisiens : 41 espèces ont une fréquence relative de citation significative pour un usage (>20%) et 36 d’entre elles ont au moins un usage montrant un consensus élevé des informateurs pour l’affection traitée (ICF >0,5), ce qui suggère la présence possible, dans ces espèces, de molécules actives sur les affections traitées.